Le recueil est chez l'éditeur !
Ce sera un très joli petit livre qui va suivre la voie tracée par ces prédécesseurs en matière de relecture et d'impression.
En attendant, voici une proposition d'écriture inspirée par une auteure canadienne d'origine vietnamienne : Kim Thuy.
Je l'ai rencontrée. Elle a illuminé la pièce. Sa joie de vivre a éclairé la salle à manger sinon austère.
Elle devait présenter son livre et elle a oublié ! Elle était toute à sa joie de parler des livres, de l'écriture. Elle nous a transmis son bonheur d'être !
Kim Thuy est née au Vietnam, à Saigon en 1968. A dix ans, elle a fui et fait partie des boat people. Elle s'est ensuite installée à Montréal, où elle a exercé de nombreux métiers. Elle écrivait alors des bribes de textes pour ne pas s'endormir aux feux rouges. Et de ces petits textes est né son premier livre Ru, un best seller !
Voici son dernier ouvrage ....
Notre proposition d'écriture :
décrire en quelques lignes, comme le fait si bien Kim Thuy, un grand-père, une grand-mère ....
" Mon grand-père paternel était diplômé de la faculté de droit de l'Université d'Hanoi à titre d'"indigène".extrait de Vi le dernier ouvrage de Kim Thuy après Ru qui a obtenu le prix du Gouverneur Général en 2010 et Man publié en 2013.
Pour poster vos textes, utilisez les commentaires en dessous de cet article ! N'hésitez pas ! Nous allons ainsi faire écho à la joie de vivre de Kim Thuy.
A bientôt
Une plume
Ma grand-mère vivait avec nous, elle habitait juste à côté. Elle nous gâtait de tartines couvertes d'éraflures de chocolat. Elle réparait les accrocs que maman ne devait pas voir. Elle mettait des instructions dans les placards d'une ecriture de maîtresse d'école. Jamais elle n'a manqué à l'appel pour écouter nos malheurs d'enfants. Elle n'avait pas d'argent, elle avait un grand cœur.
RépondreSupprimerZelodie
Tout un climat en si peu de mots, une vraie réussite !
SupprimerUne jolie grand-mère! merci Odile
SupprimerGrand-père Maurice se plaisait à dire qu'il avait fait l'université à E***: c'était la guerre de 14-18, il n'avait pas tout à fait dix ans et devait faire de nombreux kilomètres à pieds, en sabots, traînant derrière lui une petite soeur et un petit frère, pour aller à l'école primaire d'un village de Wallonie après que les Allemands avaient fermé les écoles de sa ville flamande.
RépondreSupprimerOn partage avec toi ce souvenir émouvant, merci !
SupprimerUn pan d'Histoire, merci Adrienne!
SupprimerMerci Adrienne pour ce grand père
RépondreSupprimerLa tata n'était pas ma tante mais un petit coin de paradis,connu, croyais-je alors, de moi seule. Elle vivait à Montmartre, sur les flancs de la butte, là où les rues montent et le ciel descend. Elle habitait un petit appartement parisien au quatrième étage, dont la fenêtre donnait sur une cour tantôt silencieuse, tantôt bruissante des conversations que la concierge mémère Graindorge entretenait avec les occupants de l'immeuble. Elle avait été ouvrière dans la haute couture pour hommes, en avait ramené de somptueuse coupes de tissus sombres dont elle s'était confectionné d'élégants tailleurs à la coupe très structurée. J'en porterai un, vingt ans plus tard qui me donnerait l'allure d'une véritable Chanel. Avec elle nous retournions sans cesse au marché Saint Pierre ou je plongeais les mains dans les cartons de coupons pour envers sortir des merveilles qui par la magie de son art se transformaient en robe, en veste, a nulle autre pareilles. Au Prisunic de la rue Ordener, j'avais choisi une assiette de porcelaine sur laquelle était dessiné un oiseau bleu et or tres délicatement peint. Elle ne me servit plus que dans cette assiette même plus tard, quand je devins adulte. Elle aimait la beauté et l'esthétique, même son compteur EDF en cuivre brillait de tous ses feux. Les plantes vertes se déployaient dans le minuscule espace qui alors paraissait immense. Au cimetière de la rue Saint Vincent ou nous nous promenions, elle jetait les fleurs fanées et arrosait les potées. A la mère Graindorge que nous saluions chaque jour, elle parlait de moi avec une fierté infinie, ainsi qu à tous les commerçants de la rue Ramey ou de la rue Lamarck. Grâce à elle Montmartre, mon monde, était un royaume.
RépondreSupprimerMartine E
Merci Martine pour ce texte magnifique tres émouvant
SupprimerOdile
Ton texte est magnifique tant il foisonne de souvenirs liés à l'enfance et à ce quartier de Paris, merci pour celle lecture très agréable.
SupprimerMerci Martine pour toute cette belle ambiance! Amitiés, Madeleine
SupprimerAux derniers jours de sa vie active Lucien était pharmacien à Troyes. Il y mourut sans qu’aucun médicament ne puisse le sauver. De grande stature, vêtu d’un costume 3 pièces gris foncé sur une chemise blanche jour après jour, une voix grave pour des paroles utiles, une autorité naturelle, voilà qui suffisait à impressionner la petite-fille que j’étais. Mamie était tout le contraire, une merveille de grand-mère toujours vêtue d’une jupe noire et d’un chemisier blanc au col montant sur son cou qu’entourait toujours un étroit ruban de velours noir, elle savait les mots si doux qui enjolivaient nos rapports et agrémentaient de belles découvertes, lectures, chansons, poésie et toutes les fleurs du jardin, sans oublier le « savoir-vivre ». Elle cessa de vivre… et mourut de tristesse 2 ans après son Lucien tant aimé.
RépondreSupprimerDes bêtises, j’en ai fait, oh pas bien méchantes, sauf une dont je me souviens encore aujourd’hui. J’avais été sage ce qui m’avait permis de m’asseoir sur le grand tabouret de cuir à côté de la caisse enregistreuse de la pharmacie. Profitant d’un moment d’inattention, alors que j’admirai les bocaux de verre remplis de bonbons, violettes, coquelicots, miel, menthe, anis, réglisse… j’en repérai un avec d’énormes dragées blanches. Fière de ma prise, une dissimulée au mieux dans ma bouche et une autre dans chaque poche de ma robe tablier, je me suis enfuie dans ma chambre située à l’étage. Sans avoir eu le temps de finir la première, je ressenti un violent mal au ventre et une envie très pressante d’aller aux toilettes. Papi m’appelait, mamie me cherchait, je finis par sortir en pleurs de ma cachette. Mamie aurait bien voulu s’occuper de moi, me soulager de caresses et de mots doux, papi le lui interdit, jetant à toutes les deux : « Laisse-là, elle va vite comprendre la leçon ! »
Finies les dragées purgatives ! Jurai-je.
J’en ai retenu bien plus de mes grands-parents !
Bravo Ludmilla, ton texte est vraiment mignon! Amitiés, Madeleine
SupprimerQuel beau texte et quelle anecdote !
RépondreSupprimerLes bêtises des petits et leurs bons mots tout un sujet de recueil !
Mon grand-père maternel était italien. Il était grand et beau et ressemblait à Gregory Peck. Il n’avait pas fait d’études et à 17 ans il s’était porté volontaire au cours de la dernière année de la guerre 14-18, mais il n’aimait pas en parler.
RépondreSupprimerSa personnalité le poussait à agir et penser différemment des autres c’est peut-être plus pour cette raison que par idéologie qu’il avait été antifasciste à l’époque de Mussolini.
Toute sa vie il a mangé des pâtes faites à la maison, même en temps de guerre, avec la farine achetée au marché noir.
Enfants, lorsque nous étions en vacances chez nos grands-parents, il amenait presque tous les jours mon frère et moi dans un cinéma plein de fumée pour y voir deux films au prix de un. C’est comme ça qu’enfant j’ai vu la plupart des westerns, dans lesquels les indiens étaient toujours les méchants.
Federica
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerQuel joli texte et quel grand père ! Il aurait plu à mon père fan de Gregory Peck. Mon père disait avoir ressemblé jeune à Humphrey Bogart !
Supprimermerci Federica
Odile
Quel joli texte, un vrai morceau d'histoire...Merci! Madeleine
SupprimerElle ne me quitte jamais, sa médaille. En la caressant machinalement, en la retournant entre mes doigts, je pense souvent à elle.
RépondreSupprimerElle, c’est Marie-Louise, ma grand-mère paternelle. Elle a traversé tout le XXe siècle pour s’éteindre au XXIe, à presque 98 ans. Elle a vécu deux guerres. En 14, pensionnaire chez les soeurs en Belgique, occupée par les Allemands. Une adolescence de froid, de peur et de privations. En 40, jeune mariée dans Paris occupé, seule pour élever mon père, et successivement deux autres fils nés pendant cette guerre. Les queues, les rationnements, la chicorée, ni sucre, ni beurre.
Un tout petit bout de femme au caractère bien trempé, qui avait pris sa vie en mains, puisque petite dernière d’une famille ruinée, orpheline de mère, son père ayant dilapidé l’héritage familial en se perdant dans les casinos suisses.
Je pourrai parler des colis qu’elle nous envoyait, à ma soeur et à moi. Des chemises de nuit qu’elle choisissait avec amour, elle qui n’avait pas eu de filles. De ma première bicyclette pliable, blanche, qu’elle m’avait offerte. Des nombreuses visites qu’elle nous fit, même au Pérou, sans jamais hésiter devant la longueur des voyages, s’adaptant à la modernité sans s’en étonner, comme si cela allait de soi.
Mais plus que la grand-mère, c’est la femme dont le souvenir me reste. Je la revoie dans son fauteuil préféré, à l’heure du café, sortir sa cigarette quotidienne tout en remontant le cours du temps. Les années folles à Paris, les jupes qui raccourcissent, les coupes à la garçonne, les premiers congés payés, son travail à La Poste, son retour sur les bancs d’école pour passer le bac, fallait le faire! Son mariage tardif, ses quatre garçons, ses conseils de femme, son goût de l’Histoire et des voyages, les histoires de famille...
Et aussi la haute importance qu’elle accordait aux petits gestes quotidiens, mettre la table, faire une entrée, un plat, un dessert (ah, son clafoutis aux pommes!), le verre de vin, celui de whisky des dimanches («tu comprends, il ne faut pas perdre l’habitude, sinon, quand on est invitée, on devient pompette!»). La méticulosité avec laquelle elle choisissait ses aliments au marché, combien de fois l’ai-je accompagnée en traînant un peu les pieds! Ses armoires, qui sentaient si bons, tous ses menus trésors qu’elle me montrait à chaque visite et dont l’histoire plus que l’objet faisait l'intérêt.
Quand je repense à elle, je mesure chaque fois davantage l’amour qu’elle exprimait de manière si détournée et la petite lumière au fond de ses yeux qui pétillait. Et depuis cette dernière fois où nous nous sommes vues, cette fois où elle m’a donnée sa médaille, celle dont jamais elle ne s’était séparée, je la porte en moi.
Quel beau portrait d'une femme extraordinaire ! Merci et bravo Isabelle
SupprimerOdile
Superbe portrait, Isabelle! Un plaisir de le lire! Bises, Madeleine
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