13.7.17
14 juillet
Le 14 juillet
Pas de drapeaux, ni feu d'artifice, ni pétards juste quelques produits français :
timbres, galettes Saint Michel ( les petit Lu vont aussi ) , roman de Galllimard, crayons de couleur, sirop de violettes, turlupin, trèfle à quatre feuilles
Avec ce choix hétéroclite, écrivez un texte.
Soit vous les incluez tous et c'est une sorte de logorallye, soit vous n'en prenez qu'un et vous lui faites raconter une histoire ! Bonne écriture !
Bon "Bastille day" comme on dit outre-Atlantique !
Que nos textes explosent sur le blog en feu d'artifice !
la plume tricolore
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L'écrivain
RépondreSupprimerLes galettes Saint Michel , ma grand mère en amenait un paquet à chaque visite qu’elle nous faisait. Elle s’installait et prenait le thé avec nous. Je me souviens que je trempais alors les galettes dans le thé brûlant et tentais de les manger le plus rapidement possible, avant qu’elles ne se transforment en soupe dans le dit breuvage. Ce trempage horrifiait la femme de ménage Suisse d’une de mes tantes, horrifiée des pratiques dégoûtantes des petits français, ce qui n’était pas pour me déplaire..
Ma grand mère ramenait d’autres présents insolites au retour de ses séjours de cure à la Bourboule : des pastilles de vichy toutes blanches et lisses, du sirop de violettes , plus sirop que violettes, et, bien sûr les inévitables boites de crayon de couleur et livres pour enfants qu’elle avait découvert dans la librairie de la gare au retour. Elle croyait en la chance et pensait qu’il suffisait de la provoquer. D’ailleurs, elle avait toujours un trèfle à 4 feuilles sur elle, dans son portefeuille, à côté de la photo de mon grand père décédé. De la Bourboule où sa cure, paraît-il , la ressuscitait, elle nous envoyait des cartes postales enthousiastes ( il y faisait toujours beau) montrant inévitablement son hôtel ou une photographie générale de la station thermale, elle y collait de jolis timbres de collection avec des animaux.
Elle était si bon public et généreuse que le plus médiocre turlupin eut pu la faire rire , par reconnaissance de son effort méritoire pour se donner en spectacle. Elle avait été jadis première au brevet de son académie, y avait gagné un roman de Gallimard qu’elle avait gardé avec fierté intitulé la mare au diable . il trônait avec arrogance sur sa cheminée, et pendant longtemps je me demandais sans oser la questionner de quoi il s’agissait. J’avais été étonnée que Georges , le prénom de l’auteure désigne une femme, elle m’avait expliqué avec admiration que c’était possible puisqu’elle était un écrivain. C’est à partir de ce jour là que je voulus être écrivain pour que tout me soit possible. martine
Merci Martine un joli texte plein d'humour et de souvenirs. De l'émotion entre les lignes
SupprimerOdile
Olivia avait refermé le roman de Sollers. Décidément Gallimard donnait de plus en plus dans les textes intellectuels et ennuyeux. Elle écrivit quelques lettres qu'elle glissa dans des enveloppes. Prenant des crayons bleu et rouge elle dessina des drapeaux sur les enveloppes. Elle sortit quelques timbres et affranchit les courriers. Elle bailla et regarda un instant le défilé. Elle avait raté Trump et la robe élégante de son épouse. Une petite faim lui vint, juste l'envie de grignoter une ou deux galettes, accompagnées d'une limonade à la violette glacée. Son mari avait gagné la mairie pour des jeux, l'animation annuelle du village avec fanfare, grillades, turlupins et chasse à la montgolfière. Cette année elle avait renoncé. Elle traînait dans la moiteur estivale. Le temps semblait suspendu. Elle sortit au jardin, surveillant les quelques fleurs sauvées de la sécheresse par un arrosage tardif. Elle scruta la pelouse toute jaunie et découvrit un trèfle à quatre feuilles qui lui arracha un sourire de petite fille. C'était son premier à son âge ! La journée finirait bien... elle en etait sure et s'attendait à une aventure. Le téléphone vibra plein de bonne volonté, appel masqué.
RépondreSupprimerBien que très âgé, pensez, j'ai vu le jour sous le règne de Louis-Philippe, je me porte encore très
RépondreSupprimerbien, même si je suis quelque peu tombé dans l'oubli. Mais pas tout-à-fait. J'existe encore.
Mon inventeur, un Juif hollandais, naturalisé Français et anobli, s'était installé à Lyon. Ver à soie et
compagnie. Chemin faisant il s'est passionné pour la botanique et m'a mis au point. Mon succès ne
s'est pas fait attendre, j'ai lutté contre l'épidémie de choléra après les inondations du Rhône en 1840
et j'ai fait partie du paquetage des Poilus pendant la première guerre mondiale comme antiseptique
et pour assainir l'eau. On m'a même envoyé aux colonies.
J'ai été l'ami des familles pendant longtemps, accompagnant les enfants dans les excursions
scolaires, dans les compétitions sportives, j'ai fait partie de toutes les randonnées, de tous les
voyages, en voiture, en bateau et même en avion. Il y avait toujours une place pour moi dans un sac.
Il faut dire que je fais passer tous les malaises, toutes les nausées, les maux d'estomac, les maux de
coeur, les migraines, rien ne me résiste. Par grande chaleur dans un verre d'eau fraîche je fais passer
la soif la plus insatiable. Vous pouvez faire appel à moi été comme hiver mélangé à de l'eau, à une
infusion ou à un grog. Quelques gouttes sur un morceau de sucre et je requinque le monde. Je ne dis
pas que je réveillerais un mort, mais pas loin !
L'alcool de menthe Ricqlès,la menthe forte qui réconforte !Vous vous souvenez ?
Janine
Un joli texte très documenté et du fait que le nom n'apparait qu'a la fin le suspense est créé ça marche très bien Merci
RépondreSupprimerSa main tient la plume dans une imitation parfaite du logo Gallimard. Le contrat est bientôt signé. On dirait bien qu’il n’y a que moi qui me rends compte qu’Etienne est un demeuré. Pourtant l’assemblée est nombreuse. Que du beau monde, des intellectuels, comme ils disent. Et pas un pour s’élever et protester.
RépondreSupprimerFinalement tout est une question d’apparence. Personne ne cherche à savoir ce qu’il y a derrière la façade. Pourtant Etienne aurait de quoi surprendre. Il croit vivre au début du XXème siècle, au temps où les grand’mères buvaient du sirop de violette pour accompagner leur goûter de galettes Saint Michel. A trente-six ans, il passe des heures, allongé dans l’herbe, à dessiner des fleurs aux crayons de couleur et à ramasser des trèfles à quatre feuilles qu’il collectionne pour nous porter bonheur.
Des applaudissements maintenant ! Pour mon fils unique ? Pour un peu ils auraient pu sortir cotillons et turlupins. Je n’en reviens pas. Ils ont vraiment choisi le visage d’Etienne, à l’unanimité, comme symbole pour les nouveaux timbres français. A partir d’aujourd’hui je renonce aux courriers et je passe aux e-mails.
Un superbe texte ! énergique et plein d'humour. Merci Alessandra
Supprimer22h34
RépondreSupprimerMarc jeta un coup d’œil à son portable : 9h18. Aujourd'hui vendredi 14 juillet, il pouvait se permettre de traînasser. L'envie d'un bon café accompagné de madeleines moelleuses l'incita toutefois à se lever. Pendant que la cafetière chantait sur la plaque électrique et que le four tiédissait trois douceurs meusiennes, Marc se félicita d'avoir proposé à son comité d'entreprise des achats groupés de bons produits du terroir. Il se remémora les discussions animées avec ses collègues, Julien et Loïc, sur les saveurs comparées des madeleines de Liverdun, celles de la biscuiterie Jeannette près de Caen et bien-sûr celles de la sous-préfecture de la Meuse.
Aucun des débatteurs n'ayant réussi à convaincre les deux autres, une dégustation avec vote fut organisée. Ce fut toutefois à l'unanimité que les trois amis louèrent le courage des ouvrières et des ouvriers bretons qui, de longs mois durant, avaient lutté pour que leur biscuiterie menacée de faillite retrouve un repreneur. Et ce fut également à l'unanimité qu'ils convinrent que les galettes industrielles, même des marques les plus réputées, étaient bien loin d'égaler les madeleines artisanales, qu'elles soient de Commercy, de Bretagne ou de Liverdun !
Tout en déjeunant, Marc se souvint de joutes verbales qui avaient vu s'opposer plusieurs de ses connaissances. Une vague d'émotion l'envahit lorsqu'il repensa à Florian, le Toulousain, s'opposant avec impétuosité à Charlotte de Tourrettes-sur-Loup au sujet du sirop de violettes, qu'ils revendiquaient tous deux comme étant la spécialité de LEUR ville.
Marc arrosa ses plantes, se fit couler un bain puis entreprit un brin de ménage. Midi sonna au clocher du village. Il puisa dans son congélateur un plat tout préparé. L'appétit apaisé, il s'affala sur le canapé. S'il avait eu un téléviseur, il l'aurait probablement allumé et aurait consacré son après-midi à zapper. Pour la première fois depuis son divorce, il se sentait seul. L'ennui le gagna peu à peu : la température extérieure élevée n'encourageait pas à la promenade, et, en ce 14 juillet 2017, ni sa collection de timbres, ni le dernier roman de chez Gallimard qui trônait sur la table basse ne l'intéressaient. Un instant, il fut tenté d'aller se recoucher. Passer le jour de la fête nationale alité, cela avait déjà été le cas l'année précédente. Lui, à la santé si robuste, avait été mis KO par une indigestion. Pris de vertiges et de nausées, il avait dû annuler sa sortie avec son amie Charlotte et son compagnon Amir, ce turlupin au grand cœur. Il avait maudit Frédéric, son responsable hiérarchique, qui l'avait incité à participer la veille à un repas d'affaires. Il n'apprit que plus tard que lui seul avait été malade. Était-ce paradoxalement parce qu'il portait toujours sur lui un porte-clé en forme de trèfle à quatre feuilles ?
Surmontant cette pensée douloureuse, Marc descendit dans son garage où s'entreposaient tous les objets du passé. D'un carton, il extirpa les crayons de couleur de son fils. Il remonta quatre à quatre les marches jusqu'à son salon et s'attela à la tâche. En début de soirée, de la feuille de papier, émergèrent les visages insouciants de Charlotte et d'Amir sirotant un cocktail sous leur pergola, cette terrasse où en compagnie de Marc ils avaient tant ri début juin... 2016.
A 22h30, Marc se leva et se posta devant sa bibliothèque. Quatre minutes plus tard, il se recueillit solennellement et déposa, sur le rayonnage le plus élevé, le dessin de ses amis resplendissants de vie, une vie qui s'était achevée brutalement, broyée par les roues d'un camion fou, à 22h34 un an auparavant, comme s'était achevée également celle de son chef Frédéric et comme s’achevèrent également celles de dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants dont le seul tort avaient été de rêver tous ensemble sous les étoiles d'un feu d'artifice...
Sandrine Defoug
Alpes-Maritimes, France
www.auplaisirdecrire.com
Merci Sandrine pour ce texte magnifique et ce vibrant hommage. Les familles des victimes de Nice sont venues à Rome rencontrer le Pape. C'est un souvenir poignant !
RépondreSupprimerUne plume
N 14 JUILLET PAS COMME LES AUTRES
RépondreSupprimerEncore un 14 Juillet ! Sans vouloir imiter Brassens avec sa célèbre« Mauvaise réputation » (« le jour du 14 Juillet je reste dans mon lit douillet »), j’avoue que par cette chaleur, j’ai la flemme d’aller festoyer (au fait, s’il faisait aussi chaud le 14 Juillet 1789, l’incandescence des esprits ce jour-là ne surprend pas…) …d’autant plus que je suis plongée dans le dernier Sollers , « Mouvement », paru récemment chez Gallimard (captivant, j’avais déjà dévoré « Beauté » et « Complots »). Allez, un petit effort quand même, je vais déguster quelques produits bien de chez nous pour me sentir bien Française….tiens, voici un paquet de galettes St Michel…ça me fait penser à mes cousins de Bretagne, il faudrait que leur envoie une carte postale (j’ai encore quelques timbres en réserve), et puis pourquoi ne pas boire un petit coup pour me remonter le moral… un kir royal au sirop de violettes, celui que m’a offert ma tante de Toulouse (« la ville de la violette » !) serait à vrai dire original ! Mais trêve de plaisanteries, c’est quand même notre Fête nationale et ma ferveur patriotique refait surface : je me dessine une belle cocarde bleu, blanc, rouge avec mes crayons de couleur, je l’épingle sur ma poitrine et vas me promener avec un vieux turlupin retrouvé au fond d’un tiroir, histoire de montrer qu’il faut faire la fête malgré tout, n’en déplaise aux esprits chagrins….d’ailleurs le trèfle à quatre feuilles que m’ offert récemment ma voisine italienne va sûrement me porter bonheur, il suffit d’y croire !
Yvonne
Tout à fait dans le ton ! Merci
SupprimerLe lendemain, elle a sa mère au téléphone:
RépondreSupprimer- Bon anniversaire, ma chérie! Tu as bien reçu ton paquet?
Oui, elle l'a reçu. Sa mère croit apparemment que la France lui manque et lui a envoyé le dernier Sollers, des galettes Saint-Michel, un mirliton, une petite bouteille de sirop de violettes...
Encore un malentendu!
Bien bouclé bravo
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