Voici notre quinzième défi :
Une artiste, un spectacle, une exposition, un concert ... vous regardez, vous écoutez et une émotion positive ou négative vous surprend ....
Choisissez une œuvre qui vous enchante et votre plume saura en parler
Je vous laisse écrire la suite .... bonne écriture !
A demain pour une nouvelle aventure de plume
Une plume parmi d'autres
Lungta. Spectacle de Bartabas
Lungta. Fines et légère les banderoles, soulevées par le vent, portent au ciel les prières des hommes. La fumée de l'encens danse dans l'air. Les moulins à prière tournent. Des pèlerins prient et se prosternent. Les étendards portent haut le signe de l'Infini. Son grave des trombes, tintements, frémissement des cymbales. Les moines président la cérémonie. Les voix de buffle, profondes, accompagnent leur méditation. Et la nôtre. La syllabe sacrée à l'origine du monde résonne et sa vibration se propage comme une onde.
Le globe terrestre. Les eaux, la terre, le ciel. Les chevaux à l'état sauvage et la silhouette blanche d'un enfant qui n'a pas encore appris à chevaucher.
Le danseur vêtu de rouge danse la Création, le Temps, la Vie. Une succession de roues, de cycles. L'homme pris dans la chaîne des existences tourne, éternel prisonnier d'un monde illusoire. Et de la mort. La mort et son masque hilare. Elle rit la mort. Elle tourne autour de l'homme et autour de la Terre et rôde sans cesse. La vie, la mort, elles n'existent pas l'une sans l'autre. L'homme cherche sa voie. Il avance et il recule, un voile couvre ses yeux.
La déesse bleue apparaît montée sur un âne.
La sagesse doit dominer l'ignorance. La déesse nue exécute une danse sauvage. Elle gît à terre, mort de l'illusion. Mort de l'âne, fin de la stupidité.
Au-delà de la matière, une autre réalité ?
Cinq masques. Les cinq poisons de l'âme. Cupidité, orgueil, envie, colère, ignorance. Long et difficile est le combat.
Les moines portent maintenant un vêtement royal et une couronne à cinq lobes comme un lotus à cinq pétales, surmontée d'un stûpa. Autre niveau de pensée. Elan spirituel. Dépassement et transmutation des défauts en vertus. Altruisme, compassion, justice, amour, vérité.
Et voilà que la lumière descend sur l'homme. La Lumière de la Connaissance illumine le cavalier. Il accepte le don et exprime sa gratitude.
Enfin... enfin tout change. L'homme et le cheval ne font plus qu'un. L'esprit a remporté la victoire sur la matière. L'homme a réalisé l'unité de ses deux natures. Il a atteint l'Harmonie. Vision de Pureté et de Beauté absolue, l'enfant blanc sur son cheval blanc. L'Ame immaculée. Rien ne l'atteint, rien ne la touche.
L'homme d'avant, l'homme en noir aux pieds de son cheval noir a renoncé aux vanités de ce monde. Il disparaît. Les moines se sont tus. Seule résonne la musique des sphères. Du ciel descend la bénédiction, comme une pluie, comme un espoir.
Loungta portera au ciel le souhait des hommes, vivre dans la Paix et la Sérénité.
Mais tout cela n'est peut-être après tout qu'un rêve. Le rêve de Loungta.
Janine
Merci Janine pour cette découverte d'un théâtre ou spectacle très riche étirées coloré ! Odile
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RépondreSupprimertrop de faites de frappes ! Odile
SupprimerJakarta palais présidentiel
RépondreSupprimerNous trouvons nos places à quelques rangs du président tout sourire. Madame dans le même batik nous salue. Le chef du protocole vient nous accueillir et nous remercier de notre présence. Les hommes sont en batik traditionnel, les femmes portent des sarongs de soie et des blouses assorties. Le gamelan entame sa musique, des sons discordants, parfois déchirants, dont je ne comprends pas le sens. Mais je ne suis pas là pour cela. Je regarde l'écran tendu sur un socle de bois et les silhouettes commencent à apparaître. Le dalang les a rangées soigneusement dans un ordre qui s'adapte à l'histoire. La voix raconte un épisode du Mahabharata, les marionnettes l'illustrent pendant que la musique ne fait qu'un commentaire. Des voix sourdes s'élèvent. Le dalang est maître du jeu dans le cadre de l'épopée. Il met en scène, manœuvre les figurines et leur donnent vie. Il les montre, les fait grandir grâce à la perspective et sortir en rendant l'image floue loin de l'écran. Elles partent par le haut. D'un geste sec de la main, il les claque sur le bois et les jette en un tas à ses genoux. Il explique, présente les gentils et les méchants, dit leur vertu ou leurs turpitudes. Le public est attentif mais attend l'épisode le plus formidable, la bataille. Alors les plaques figurant des cheveaux se choquent, se heurtent, sortent en une galipette et retombent ... les spectateurs sont fascinés. Le temps est suspendu et à la fin de la mêlée, le prince gagnant apparaît, vengeur et satisfait. Il dit ses exigences et s'affirme en montant les accents de sa voix. Le dalang lui donne alors une force virile. Qaund il disparaît, le public bouge. C'est l'heure de la pause, du repos pour le dalang et du nasi goreng pour les invités. Le maître d'hôtel nous indique la salle à manger où le buffet est installé. Nous aurons ensuite la suite de l'histoire..
Odile
RépondreSupprimerTout d'abord l'espace des grandes toiles et puis des couleurs pures, fulgurantes, qui éclatent suggérant à peine des formes indéfinies, indécises et pourtant présentes. Une colline, des broussailles, l'écume sur des rochers ? L'espace est mouvant, la mer inconnue. Le rêve nous appartient. Un autre monde se révèle, éblouissant. Parfois minéral, parfois liquide. Les éléments sont tous présents, le ciel et la terre, l'air et l'eau. Visible et invisible s'appellent et se répondent. Les vides, les blancs font respirer les tableaux et forment des plages de sérénité où le regard se pose.
Le peintre aimait la musique et sa peinture atteint une telle harmonie, une telle profondeur spirituelle que s'y révèle le chant de la Création.
Chaque jour, pendant une semaine, j'ai accompli un voyage, une immersion, dans la splendeur de ces toiles, avec la même émotion, la même joie, le même éblouissement, croyant entrevoir parfois le sourire oriental de Zao Wou Ki, éternellement jeune.
Janine
J'aime aussi cette saisissante et apparente simplicité et les couleurs ! Merci
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RépondreSupprimerDrumming live : l’invitation à la vie
Opéra Bastille, un après midi de juillet. Au loin sur la scène il y a neuf silhouettes. La scène est baignée d’une fluorescence orangée.
La musique s’installe, un seul motif une pulsation obsédante, envoûtante. Comme une vague, elle envahit la salle, comble et assoupie en ce jour de chaleur étouffante. La Pulsation répétitive, elle m’évoque les musiques balinaises, leur force tribale. Immédiatement, elle communique l'énergie vitale, le désir vif de bouger, une sensation d'infinie légèreté.
La première danseuse déboule, fulgurante sur la scène, à pleine vitesse. Les spectateurs , sidérés en ont plein la vue. Son vêtement orange et blanc, fluide, épuré et loin du corps évoque une flamme sur la scène. Les onze autres danseurs et danseuses surgissent un à un de toutes les extrémités de la scène, vêtus également d’orange et de blanc, voilés de couleurs vives comme des tableaux de Rothko, la musique dans la peau.
Comme pris par une transe, ils s’unissent et se quittent avec une légèreté enivrante et une rapidité diabolique. Repoussent les limites de l’espace, ils se perdent et se retrouvent sans fin. L’orange et le blanc de leurs vêtements s’épousent en de multiples et aériennes danses des voiles, petites flammes se déplaçant en spirale, comme ivres et frappées par la fièvre.
Projetée dans le voyage étourdissant de la danse virevoltante, soumise au rythme des percussions qui m’habite et m’enveloppe au point que je les oublie et ne les entends plus, tenue en haleine par le motif musical inlassable, je me laisse gagner par l’intensité et la jubilation de leur danse, de leur course à pleine vitesse, pieds nus , jamais droite , virtuose par la débauche des sens et la maîtrise technique.
Je bascule alors dans un autre temps, un temps que d’ordinaire on ne vit pas, un pur présent, initiatique
Martine
On les voit dans leur explosive energie. Une fois une expérience similaire avec un groupe tsigane à Budapest : être projetée ailleurs, hors repère
SupprimerMerci
C'était un film anglais comme je les aime, plein d'humour et de légèreté. « Quartet ». Les larmes me sont montées aux yeux bien avant le générique de fin. Je luttais contre ces manifestations sentimentales que j'essaye de tenir à distance mais cela n'a fait que renforcer la puissance de l'émotion et même du désespoir irrépressible qui m'ont submergée dès le début du générique de fin. J'étais anéantie. Mes yeux noyés déformaient les noms de ces acteurs et musiciens âgés à qui on avait donné une ultime chance de pratiquer leur art pour notre plus grand plaisir. J'étouffais mes sanglots dans mon foulard comme je pouvais. Je me retenais de hurler de douleur. J'étais parcourue de spasmes. Tétanisée dans mon fauteuil , cherchant à reprendre mon souffle, j'ai laissé la salle se vider. J'ai même attendu que l'ouvreuse fasse entrer les spectateurs de la séance suivante pour me lever, les yeux rougis, tremblante, honteuse. Le film m'avait touché beaucoup plus profondément que je ne pensais en achetant mon billet. Je m'étais laissée piéger non par l'identification aux personnages mais par la prise de conscience que je ne vivrais jamais la situation dépeinte dans le film : la joie de faire de la musique en petit groupe, de vivre la fin de sa vie avec des personnes qui partagent votre passion, dans un beau lieu, plus colonie de vacances que mouroir. Un gouffre effrayant s'est ouvert brièvement. Je suis allée refermer mes plaies dans un petit restaurant exotique délicieux à côté du cinéma. Life goes on.
RépondreSupprimerQuel beau texte merci anne Marie on ne sait pas grand chose du film mais on devine et l'émotion nous touche. Merci
SupprimerVingt ans après ! Les mousquetaires avaient vieilli et moi aussi. Mais ce concert, je l’attendais comme si j’étais encore adolescente. Avec la même impatience qui me faisait compter les jours. Avec la même légère angoisse qui me faisait sans cesse vérifier que le ticket était bien dans le tiroir. Avec le même ennui vestimentaire : comment s’habille-t-on à quarante ans quand on va écouter Renaud en concert ?
RépondreSupprimerEt voilà, j’y étais ! Il faisait déjà chaud alors que le spectacle n’avait pas commencé. La salle se remplissait de personnes de tous âges. C’était peut-être cela qui avait changé. Renaud était une légende transgénérationnelle. Quel horrible mot pour qualifier un poète ! Mon voisin de fauteuil était gros, probablement un peu plus âgé que moi. Il transpirait déjà, ce qui ne l’avantageait pas. Mon attention était concentrée sur la scène comme si je détenais le pouvoir de faire lever le rideau. Quelques jeunes installés dans la fosse applaudissaient à tout rompre avec le même espoir que moi. Mon voisin me proposa un bonbon. N’importe quoi ! Il tenta même quelques phrases amicales dont je n’avais que faire. La salle s’échauffait de plus en plus, c’était tout ce qui m’intéressait. « Renaud ! Renaud ! Renaud ! » J’avais le ventre noué agréablement et pensais que j’aurais dû mettre des chaussures plus confortables. La même erreur qu’à vingt ans !
Enfin il apparût. Mon héros, mon idole, l’amant de mes rêves ! (N’en dites rien à mon mari !) Il était là, sur le devant de la scène, sa guitare à la main, son T-shirt tout simple. Dès les premières mesures, ce fut toute la chanson qui défila dans ma tête. Les gens sifflaient, brandissaient leur portable, tapaient du pied. L’énergie circulait à vitesse grand V et nous n’étions qu’au début du début. Renaud enfin s’avançait vers le micro.
Au début je crus à une blague. A de l’autodérision, comme il nous y avait si souvent habitués. Mais au bout de quelques phrases, je ne pus plus douter. La voix, sa voix qui n’avait jamais été des plus belles mais qui était une référence, cette voix n’était plus qu’un déraillement rauque continu. Je ne comprenais même pas ce qu’il chantait. J’étais perdue. Déçue. Triste et presque en colère. Avec le sentiment d’être trahie par mon rêve. Je regardais vaguement les gens autour de moi. Ils ne semblaient s’apercevoir de rien. Est-ce qu’au moins ils entendaient ? Ils chantaient à tue-tête « … et les mistrals gagnants ». La chanson préférée des Français massacrée par son auteur et personne autour de moi pour réagir. J’en avais les larmes aux yeux.
On était presque à la fin de la chanson. Je n’avais pas vécu le grand frisson. Très doucement, mon voisin me poussa de l’épaule pour attirer mon attention. Je relevai la tête, prête à mordre. Son grand sourire me désarma. J’y lisais toute la chaleur humaine chère à mon chanteur préféré. Alors il cria de toutes ses forces pour que je l’entende. « On s’en fout, de toutes les manières, on connait toutes ses chansons par cœur. Et l’important, c’est bien qu’on soit tous là avec lui, non ? »
Une émotion que l'on comprend ! merci
SupprimerUn nouveau défi sur notre nouveau site
Supprimerhttps://plumesdicietdailleurs.com
A bientôt
Elle passe beaucoup d'heures dans les musées. Elle dessine, elle prend des notes. Elle ne voit pas le temps passer et n'entend même plus ce que débitent les guides... ou les visiteurs. Elle se demande quand elle trouvera son propre style. Elle ne sait pas qu'elle le possède déjà.
RépondreSupprimerMerci simple et efficace
SupprimerUne mini histoire. Un personnage merci
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