Je pousse la porte prête à rebrousser chemin si le spectacle me rebute. De l'extérieur elle ne paie pas de mine. Pas chere mais nécessitant travaux.Certes ! Perchée en montagne sans être isolée. Le vendeur n'oserait pas dire en bord de route et dans un tournant. Il promet toutes commodites et un jardin déjà créé. Quelques meubles me barrent le passage jusqu'aux fenêtres. Je pousse énergiquement les volets. Le soleil entre et éclaire une pièce simple avec un coin repas et des bancs pris dans les murs. La fenêtre vers le jardin est coincée je circule dans le reste de la maison. Effectivement une cuisine est installée mais de manière succincte. L'eau coule en déchargeant une salve de sable. La chambre est décorée d'un lit et d'une petite table. La poussière a mis unvoile sur tout, les araignées guettent. Un lézard se retiré effrayé. La porte du jardin demande une clef supplémentaire. Je la découvre accrochée à un clou et j'ouvre une porte solide qui grince. Devant moi un vieil olivier et des lauriers en fleurs. Une harmonie de roses et de gris vert. Plus loin mais est-ce encore chez moi, des arbres fruitiers : un abricotier qui perd ses fruits et quelques orangers et la vue à perte de vue la montagne. Le voisin le plus proche est de biais. Je progresse en suivant une petite allée Fire de Pierre sèches qui crissent sous mes pas. Une pente douce me mène jusqu'aux limites du jardin, barres d'un muret. Un jardin simple et raffiné. Qui ne nécessite que peu d'entretien selon l'agence. Un visage apparaît et me sourit. Une enfant rieuse : c'est toi la nouvelle voisine ? Elle te plaît la maison ? Tu chantes toi aussi ? Je voudrais apprendre ... Lisa Lisa ... Maman appelle ! Passe nous voir quand tu as fini ta visite. Elle te fera un café ! Je retourne à mon inspection ... pas chère, facile d'entretien. La route passante me gêne. Une question à poser. Pas si proche de Rome mais ... plus près ce serait impossible avec mon budget et ici l'été je serais au frais !
En me promenant je suis passée devant la grande maison blanche abandonnée. Enfin, blanche c'est beaucoup dire, il ne reste pas grand chose de la peinture des origines, de celle des volets non plus. Sur la façade on voit encore la trace d'un rosier grimpant, là où la peinture est écaillée. Cette maison-là, j'en avais entendu parler dans mon enfance. C'était la maison du mystère. On racontait des histoires bizarres à son sujet. La nuit on y voyait parfois une faible lueur derrière les carreaux, ou encore la silhouette d'une femme. C'est la Rosalie, disaient les gens. Certains juraient avoir entendu les pleurs d'un enfant. On évitait d'y passer devant. Lorsque j'ai vu la pancarte “A Vendre” je me suis dit que c'était l'occasion de la visiter et je me suis fait donner les clés. La serrure n'a pas opposé de résistance. J'ai poussé les volets pour avoir un peu de lumière et aérer car l'odeur de renfermé était forte. En bas, une grande cuisine avec une cheminée. J'imaginais les flambées dans l'âtre et des gens autour de la table en train de se régaler d'une bonne soupe épaisse et fumante. La pièce, bien exposée, avait dû être agréable. Un escalier de bois montait au premier étage, les marches grinçaient. Les chambres. Des lits de fer, une commode vermoulue. Plus haut encore, le grenier d'où parvenaient des bruits étranges. Je poussai la porte, partout le long des poutres, des nids d'hirondelles et des petits qui piaillaient en ouvrant grand le bec, pendant que les parents entraient et sortaient sans cesse par la fenêtre sous les toits restée ouverte. Je suis descendue et je me suis assise sur une vieille chaise bancale, en essayant de me remémorer les histoires que j'avais entendu raconter. La maison, il y a bien longtemps, avait appartenu à un jeune couple d'agriculteurs, Guillaume et Rosalie, les noms me revenaient. Lui, parti à la guerre, avait été fait prisonnier. Elle, elle l'attendait. Et puis ce fut la débâcle, les Allemands fuyaient. Un soir un groupe de soldats pénétra dans la maison et ils obligèrent Rosalie à leur faire à manger. Dans le chai ils trouvèrent du vin, ils burent beaucoup. Rosalie était jeune et belle, les gens s'en souvenaient. Ils baissaient la voix pour raconter la suite. Lorsque Guillaume revint, un fantôme on aurait dit, tellement il était maigre, il trouva Rosalie avec un bébé blond dans les bras. On n'a jamais sû ce qui s'était passé. Certains affirment avoir entendu des cris, des plaintes, des pleurs. Le lendemain Guillaume était reparti. On retrouva le corps de Rosalie dans le puits, avec son bébé blond. J'ai refermé la maison. Sur le chemin je me suis retournée. C'est encore une belle maison, on pourrait encore y être heureux avec des enfants courant dans tous les coins et riant à la vie. Mais comment oublier Rosalie ?
La maison abandonnée Vende-si. Un panneau sur la route le long de la mer, face à un escalier de pierre. la maison de Maria Ursula, derrière une grille de fer élégamment forgé qui l’entoure de toute part.
L’escalier serpente entre les Aloe Vera qu’elle a planté. A Ischia, tout pousse. L’allemande, née à Berlin au début du siècle, femme de diplomate ayant parcouru le monde se réfugia là et consacra les trente dernière années de sa vie et sa fortune à son jardin , immense, dominant le golfe de Castiglione, où elle créa un parc thermal pourvu d’un funiculaire qu’elle légat à la ville et à ses habitants , ne gardant pour elle qu’une maison en hauteur abritée et dissimulée par un bouquet d’arbres.
J’entre par l’arrière de la maison , côté montagne, par une petite porte fermée d’un volet de bois. L’agence m’a confié la clé de la maison est quasi vide et inoccupée depuis quelques années. Je pénètre dans un grand séjour, vide, j’ouvre les volets de bois, sur une terrasse, sans vis à vis , sur le golfe de Castiglione, la côte amalfitaine et le Vésuve. Je m’avance sur la terrasse par une porte fenêtre .Sur son côté se dressent quelques citronniers aux fruits jaunes et pleins, énormes. Au pied d’un des arbres s’étend une plantation désordonnée d’aromatiques où sauge, thym, romarin et origan se disputent l’espace. Plus loin un prunier aux fruits bleus, des plantes grasses autour d’un vieux puit de pierre. Sur le côté gauche , comme séparée de la grande terrasse, blottie sous le bouquet d’arbres avec une petite avancée indépendante et séparée par un muret blanc sur le golfe, la chambre de Maria Ursula, petite avec une salle de bain attenante et une petite cuisine contigüe ouvrant par une fenêtre sur la terrasse semble une petite chaumière, séparée du reste par un couloir à l’intérieur. Elle ne vivait que dans cette partie, le reste de la grande maison, elle l le laissait inoccupé le prêtait parfois à des amis. Dans sa chambre peinte en blanc, une table et une chaise n’ont pas été débarrassées.. La chambre communique avec une petite porte fenêtre avec l’espace sur la mer. On dit qu’elle écrivait : « J’habite un paysage. Au fil de la journée, les formes du paysage émergent de la brume. D’abord la mer seule, puis la cote amalfitaine, et enfin, les jours de beau temps le Vésuve. Le temps se matérialise quand les formes se dessinent. c’est comme un miracle , une toile se dessine chaque jour devant moi. je vis avec ce désir de voir chaque jour les formes surgir de la brume »
Si seulement l’agence pouvait me vendre cette petite partie si bien isolée avec son avancée sur la mer, son citronnier et son jardin de simples. m’y retirer ! que le temps devienne celui des formes qui se dessinent dans la brume qu delà de la mer. !..Ischia pour l’éternité et quelques heures encore… martine
Elle se promène beaucoup aussi. Elle explore. Elle s'installe devant une vieille maison aux volets fermés, sort son matériel d'aquarelliste. Tout en peignant, elle imagine qui y a vécu. Qui l'a construite. Qui y est né et mort. Parfois la maison n'est pas vide: un volet s'ouvre, une vieille dame sort, vient voir l'oeuvre en cours. Parfois Alice lui offre son travail.
Je pousse la porte prête à rebrousser chemin si le spectacle me rebute. De l'extérieur elle ne paie pas de mine. Pas chere mais nécessitant travaux.Certes ! Perchée en montagne sans être isolée. Le vendeur n'oserait pas dire en bord de route et dans un tournant. Il promet toutes commodites et un jardin déjà créé. Quelques meubles me barrent le passage jusqu'aux fenêtres. Je pousse énergiquement les volets. Le soleil entre et éclaire une pièce simple avec un coin repas et des bancs pris dans les murs. La fenêtre vers le jardin est coincée je circule dans le reste de la maison. Effectivement une cuisine est installée mais de manière succincte. L'eau coule en déchargeant une salve de sable. La chambre est décorée d'un lit et d'une petite table. La poussière a mis unvoile sur tout, les araignées guettent. Un lézard se retiré effrayé. La porte du jardin demande une clef supplémentaire. Je la découvre accrochée à un clou et j'ouvre une porte solide qui grince. Devant moi un vieil olivier et des lauriers en fleurs. Une harmonie de roses et de gris vert. Plus loin mais est-ce encore chez moi, des arbres fruitiers : un abricotier qui perd ses fruits et quelques orangers et la vue à perte de vue la montagne. Le voisin le plus proche est de biais. Je progresse en suivant une petite allée Fire de Pierre sèches qui crissent sous mes pas. Une pente douce me mène jusqu'aux limites du jardin, barres d'un muret. Un jardin simple et raffiné. Qui ne nécessite que peu d'entretien selon l'agence. Un visage apparaît et me sourit. Une enfant rieuse : c'est toi la nouvelle voisine ? Elle te plaît la maison ? Tu chantes toi aussi ? Je voudrais apprendre ... Lisa Lisa ...
RépondreSupprimerMaman appelle ! Passe nous voir quand tu as fini ta visite. Elle te fera un café ! Je retourne à mon inspection ... pas chère, facile d'entretien. La route passante me gêne. Une question à poser. Pas si proche de Rome mais ... plus près ce serait impossible avec mon budget et ici l'été je serais au frais !
En me promenant je suis passée devant la grande maison blanche abandonnée. Enfin, blanche c'est beaucoup dire, il ne reste pas grand chose de la peinture des origines, de celle des volets non plus. Sur la façade on voit encore la trace d'un rosier grimpant, là où la peinture est écaillée. Cette maison-là, j'en avais entendu parler dans mon enfance. C'était la maison du mystère. On racontait des histoires bizarres à son sujet. La nuit on y voyait parfois une faible lueur derrière les carreaux, ou encore la silhouette d'une femme. C'est la Rosalie, disaient les gens. Certains juraient avoir entendu les pleurs d'un enfant. On évitait d'y passer devant. Lorsque j'ai vu la pancarte “A Vendre” je me suis dit que c'était l'occasion de la visiter et je me suis fait donner les clés.
RépondreSupprimerLa serrure n'a pas opposé de résistance. J'ai poussé les volets pour avoir un peu de lumière et aérer car l'odeur de renfermé était forte. En bas, une grande cuisine avec une cheminée. J'imaginais les flambées dans l'âtre et des gens autour de la table en train de se régaler d'une bonne soupe épaisse et fumante. La pièce, bien exposée, avait dû être agréable. Un escalier de bois montait au premier étage, les marches grinçaient. Les chambres. Des lits de fer, une commode vermoulue. Plus haut encore, le grenier d'où parvenaient des bruits étranges. Je poussai la porte, partout le long des poutres, des nids d'hirondelles et des petits qui piaillaient en ouvrant grand le bec, pendant que les parents entraient et sortaient sans cesse par la fenêtre sous les toits restée ouverte.
Je suis descendue et je me suis assise sur une vieille chaise bancale, en essayant de me remémorer les histoires que j'avais entendu raconter.
La maison, il y a bien longtemps, avait appartenu à un jeune couple d'agriculteurs, Guillaume et Rosalie, les noms me revenaient. Lui, parti à la guerre, avait été fait prisonnier. Elle, elle l'attendait. Et puis ce fut la débâcle, les Allemands fuyaient. Un soir un groupe de soldats pénétra dans la maison et ils obligèrent Rosalie à leur faire à manger. Dans le chai ils trouvèrent du vin, ils burent beaucoup. Rosalie était jeune et belle, les gens s'en souvenaient. Ils baissaient la voix pour raconter la suite. Lorsque Guillaume revint, un fantôme on aurait dit, tellement il était maigre, il trouva Rosalie avec un bébé blond dans les bras. On n'a jamais sû ce qui s'était passé. Certains affirment avoir entendu des cris, des plaintes, des pleurs. Le lendemain Guillaume était reparti. On retrouva le corps de Rosalie dans le puits, avec son bébé blond.
J'ai refermé la maison. Sur le chemin je me suis retournée. C'est encore une belle maison, on pourrait encore y être heureux avec des enfants courant dans tous les coins et riant à la vie. Mais comment oublier Rosalie ?
J'aime beaucoup ce etxte qui oscille entre douceur et tragique Merci
SupprimerLa maison abandonnée
RépondreSupprimerVende-si. Un panneau sur la route le long de la mer, face à un escalier de pierre. la maison de Maria Ursula, derrière une grille de fer élégamment forgé qui l’entoure de toute part.
L’escalier serpente entre les Aloe Vera qu’elle a planté. A Ischia, tout pousse. L’allemande, née à Berlin au début du siècle, femme de diplomate ayant parcouru le monde se réfugia là et consacra les trente dernière années de sa vie et sa fortune à son jardin , immense, dominant le golfe de Castiglione, où elle créa un parc thermal pourvu d’un funiculaire qu’elle légat à la ville et à ses habitants , ne gardant pour elle qu’une maison en hauteur abritée et dissimulée par un bouquet d’arbres.
J’entre par l’arrière de la maison , côté montagne, par une petite porte fermée d’un volet de bois. L’agence m’a confié la clé de la maison est quasi vide et inoccupée depuis quelques années.
Je pénètre dans un grand séjour, vide, j’ouvre les volets de bois, sur une terrasse, sans vis à vis , sur le golfe de Castiglione, la côte amalfitaine et le Vésuve. Je m’avance sur la terrasse par une porte fenêtre .Sur son côté se dressent quelques citronniers aux fruits jaunes et pleins, énormes. Au pied d’un des arbres s’étend une plantation désordonnée d’aromatiques où sauge, thym, romarin et origan se disputent l’espace. Plus loin un prunier aux fruits bleus, des plantes grasses autour d’un vieux puit de pierre.
Sur le côté gauche , comme séparée de la grande terrasse, blottie sous le bouquet d’arbres avec une petite avancée indépendante et séparée par un muret blanc sur le golfe, la chambre de Maria Ursula, petite avec une salle de bain attenante et une petite cuisine contigüe ouvrant par une fenêtre sur la terrasse semble une petite chaumière, séparée du reste par un couloir à l’intérieur. Elle ne vivait que dans cette partie, le reste de la grande maison, elle l le laissait inoccupé le prêtait parfois à des amis. Dans sa chambre peinte en blanc, une table et une chaise n’ont pas été débarrassées..
La chambre communique avec une petite porte fenêtre avec l’espace sur la mer. On dit qu’elle écrivait : « J’habite un paysage. Au fil de la journée, les formes du paysage émergent de la brume. D’abord la mer seule, puis la cote amalfitaine, et enfin, les jours de beau temps le Vésuve. Le temps se matérialise quand les formes se dessinent. c’est comme un miracle , une toile se dessine chaque jour devant moi. je vis avec ce désir de voir chaque jour les formes surgir de la brume »
Si seulement l’agence pouvait me vendre cette petite partie si bien isolée avec son avancée sur la mer, son citronnier et son jardin de simples. m’y retirer ! que le temps devienne celui des formes qui se dessinent dans la brume qu delà de la mer. !..Ischia pour l’éternité et quelques heures encore… martine
Quelle belle idée ! Un rêve et avec le panorama, la mer
SupprimerMerci il faut tout de suite plus frais !
Elle se promène beaucoup aussi. Elle explore. Elle s'installe devant une vieille maison aux volets fermés, sort son matériel d'aquarelliste. Tout en peignant, elle imagine qui y a vécu. Qui l'a construite. Qui y est né et mort. Parfois la maison n'est pas vide: un volet s'ouvre, une vieille dame sort, vient voir l'oeuvre en cours. Parfois Alice lui offre son travail.
RépondreSupprimerC'est très joli, bref et efficace merci
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