5.7.17

sixième défi




Le temps s'en va, le temps s'en va, madame, - Las! Le temps, non, mais nous nous en allons... 
Pierre Ronsard 


Pour notre sixième défi : le temps ! 

Voici notre photo


La consigne : écrire un texte qui se passe à 7.22 ou à 19.22. 
Un évènement furtif ! 

Je vous quitte pour écrire ! 

à demain pour un nouveau défi 

une plume

16 commentaires:

  1. 7h22 ce matin là. Jamais je n'oublierai. J'étais encore endormi et il fallait faire vite, ne pas rater le train de 7.42. Je me plantais devant le miroir pour me raser et là, là plus rien mon image était parti ! Elle n'est jamais revenue. Mon nom ? Narcisse ! Un prénom ringard qui me vient parait-il d'una rrière grand-père célèbre jadis ! Narcisse !
    odile

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  2. 7.22 Jakarta il fait encore frais.Le petit déjeuner est servi : mangue, papaye, thé, jus d'orange, toast mais pas de riz. J'ai refusé de vivre complètement à l'indonésienne. Pas de riz le matin. Un bruit de train dans la rue enfle, rugit. la gare est pourtant loin. La pièce tremble, le sol ondule. Les cadres ont la bougeotte. IL faut partir, fuir, prendre juste mon sac garni de l'essentiel. J'essaie. Je tatonne, tente de m'appuyer sur la chaise qui tombe. Tout tremble, je vacille, la maison tangue dans un bruit de pelleteuse avant le silence. Les mouvements stoppent. je cours dans la chambre, dévale l'escalier et à mi étage des cris, ça tremble à nouveau. juste le temps de sortir. la porte que je veux claquer ne ferme plus. Quelqu'un m'écarte de la maison. Des bouts de mur crépitent à mes pieds. Le sol tangue à nouveau. Je regarde ma montre 7.28 tout ce temps

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  3. 7h22

    7h mon réveil sonne . difficile de s’extirper dans ces périodes chargées d’enjeux . Hier c’était le baccalauréat. Comme s’il fallait que tout change à chaque fin d’année et à fortiori lors d’épreuves initiatiques. Comme si tout el monde passait le baccalauréat. Je m’étire , caresse les chats qui étaient irritables cette nuit. Quel temps va t-il faire aujourd’hui ? on ne sait plus comment s’habiller, les vêtements s’avèrent trop chaud, trop froid, voire pire, mouillés d’un moment à l’autre. On ne pense plus qu’au fonctionnel, on perd l’esthétique, la beauté , l’harmonie. La météo de mon enfance n’était pas comme ça ! Les aléas climatiques redoublent les tempêtes d’échéances, de décisions et l’excitation désorganisante. Je rumine , encore une journée qui se traînera fatigante.
    Soudain le grondement sourd de l’orage gagne . la météo ambiante se met au diapason de mon humeur . le grondement se fait plus violent se rapproche. Soudain des trombes d’eau , comme la mousson de Bangkok . Je m’abime dans le parfum du jasmin à l’hôtel Oriental. Mon avion s’est envolé . Je regarde ma montre : il est 7h 22
    martine

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    1. Un joli texte, les mots collent à la réalité du vécu et on s'évade tout à coup
      Très réussi
      Merci martine

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  4. 19.22 : Cela fait déjà deux minutes que j'aurais dû me mettre à cuisiner le repas du soir mais je rêvasse encore juste un instant, mes mains autour de ma tasse de tisane encore brûlante. Juste un moment volé à ma journée d'enfer, pour couper le cours du temps, pour arrêter les aiguilles, le tic-tac de l'horloge qui rythme le temps d'une vie, qui dit oui, qui dit non, qui dit "je vous attends" comme dans la chanson de Brel. Encore juste un instant.

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  5. Merci Madeleine
    J'aime ces petites touches de vie. Toutes les notations rendent le vécu sensible.

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  6. 19 heures 22, elle est heureuse mais ne le sait pas.
    19 heures 22, elle l'attend dans la moiteur d'un soir d'été. La bouteille de rosé est au frais.
    19 heures 22 tout est encore possible. L'attente réalise tous les rêves. Elle regarde l'horloge. Elle sait qu'elle ne peut arrêter l'instant, juste essayer de profiter de l'instant présent.
    Le rythme de la trotteuse la rapproche de la réalité. 19 heures 22 encore pour quelques secondes. Les plus intenses. 19 heures 23, la sonnerie d'un téléphone répond au bruit sec de la grande aiguille qui avale le temps.

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  7. Le temps s'en va...

    Ce soir-là ils étaient montés sur l'Aventin et depuis le jardin des Orangers ils avaient posé un regard émerveillé sur les toits, les coupoles et les campaniles de Rome qui à cette heure se teintaient d'or et de bronze.
    Il lui avait dit qu'il l'aimait et elle avait posé sur lui un regard empreint de mélancolie. Elle avait murmuré “il n'est plus temps” mais il n'avait pas compris. Le temps. Le temps qui passait semblait l'effrayer. Sans raison. Elle était si jeune. Mais c'était comme si elle savait des choses qu'il ignorait. Comme si elle connaissait déjà la fin de l'histoire. Il aurait voulu lui demander de rester, de ne pas le quitter. Elle partait le lendemain. Du temps il en restait encore un peu. Parviendrait-il à la convaincre?
    Ils descendirent sur l'île Tibérine. Là où le Tibre forme des remous elle se mit en pose pour une dernière photo. Des mouettes tournoyaient dans le ciel en criant. Elles semblaient en colère. L'une d'elles la frôla, menaçante, et lui fit perdre l'équilibre. Elle disparut dans le tumulte des eaux. Il était 19h22.
    Janine

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  8. Cela fait des annėes que j’attends ce moment, pour assouvir ma rancoeur contre ces êtres froids et insupportables. J’ai reçu la nouvelle hier soir mais j’ai gardé cela pour moi, et j’ai passé la nuit en transe jubilatoire. La justice divine que j’appelais de mes voeux s’est enfin manifestée. La voici qui tel l’ aigle tourne autour de sa proie qui ne pourra se soustraire à sa volonté destructrice. Et c’est moi qui vais être le bras armé du destin, c’est moi qui vais porter le coup, pas un coup fatal, non un coup qui les détruira à petit feu, oui bien lentement, pour que je me délecte de leur désespoir.
    J’ai tout calculé à la minute près. Aucune marge d’erreur possible. A 7 heures 10, comme tous les matins, ils arriveront dans la salle à manger. Je leur servirai leur café, leurs toasts, les trois sortes de confitures, le beurre au yuzu qu’ils affectionnent. Après avoir déplié leur serviette immaculée, je leur apporterai leur téléphone portable; ils commenceront à consulter les messages. Je me reculerai pour mieux me repaitre de leur réaction. C’est alors qu’ils recevront le message vénéneux préparé avec délice au cours de la nuit, envoyé par un ami. Il sera 7. 22. S’afficheront la photo d’un fuselage déchiqueté et sa légende mentionnant le décès d’un jeune homme de 22 ans, leur fils, celui qui causa la mort de ma fille, impunément, il y a 7 ans un 22 juillet. Aujourd’hui 07/22, à 7.22 je maitrise le destin.

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    1. Quel texte ! Court et efficace une micronouvelle à suspense ! Merci Anne Marie !

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  9. Sept heures déjà qu’il oeuvrait minutieusement, tel un orfèvre travaillant un diamant. Le moment le plus délicat arriva. Il ne pouvait s’empêcher de trembler, et espérait que personne ne le remarquerait. S’il réussissait ce coup-là, promis, il arrêterait de boire. Juré, craché, si je mens je vais en enfer. Il essuya la transpiration qui formait des gouttelettes sur son front, sentit de petits picotements dans la nuque - ce qui était toujours mauvais signe - et fait est dit, un sifflement strident se fit soudain entendre. Bordel de nom de dieu de merde, non, non, non !! Il souffla bruyamment, appuya ses deux mains de toutes ses forces et appuya, encore et encore. Il s’évertua plusieurs minutes, sans tenir compte des voix autour de lui qui l’exhortaient à arrêter. Samira posa doucement sa main sur son épaule. Hébété, il se redressa brusquement, les bras ballants, le coeur battant la chamade. Il hocha la tête face à la jeune fille allongée sur la table devant lui et songea qu’on aurait dit la Belle au bois dormant. Il sentit sur lui les regards de toute l’équipe, en attente du verdict, et d’un petit-déjeuner, retour à la vie, pour passer à autre chose. Pour sa part, ce serait un whisky bien tassé. Le chirurgien leva les yeux vers la pendule murale avant d’asséner : « Heure du décès, 7h22. »

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    1. L'heure oui les deux termes de la boucle il fallait les deux pans ! Merci

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  10. Et un petit deuxième pour la route :)

    Il n’en peut plus du noir, de l’humidité. Il se sent à l’étroit, il étouffe et veut sortir. Ses membres sont ankylosés, il peut à peine se retourner. Il frappe de grands coups sur les parois autour de lui, avec les mains, avec les pieds, sans résultat. Il voudrait hurler mais aucun son ne sort. Roulé en boule, il entend au loin la voix de la personne qui le retient prisonnier, attaché ici depuis des mois. Il ressent l’urgence, il sait qu’il doit sortir. Maintenant. Il tape encore, sans grand espoir, quand une fissure apparaît enfin. Il s’y glisse, la tête la première, rampe difficilement dans une sorte de tunnel réduit et distingue, au bout de longues minutes d’efforts… la lumière. Il entend des cris, perçoit de l’agitation, hésite à continuer - impossible de faire demi-tour - et se sent soudain comme aspiré, propulsé, et saisi par deux mains puissantes, celles-là même qui couperont quelques secondes plus tard le cordon ombilical, avant de le gratifier d’une grande tape sur les fesses et d’annoncer : « 19h22 ! Félicitations madame, c’est un garçon ! »

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