2.7.17

troisième défi




Notre troisième défi pose une question qui trotte depuis des années dans mon

esprit. La nuit dans les musées, les tableaux, les statues, ils dorment ? Alors que

font ils ? Laissez courir votre imagination ...

Vue de Venise Rome Villa Bonaparte 



Celui-là par exemple me semble presque endormi ! mais cette barque ... des

fuyards ?


Jouez le fantastique pour ce troisième défi !

En attendant de vous lire ... je cours écrire !


une plume

12 commentaires:

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  2. Chère Mona
    Depuis ton départ aucun changement, on s'amuse toujours autant, la nuit. Oui, le jour on pose mais dès la fermeture ici pas de rondes de sécurité ni caméras, bref on fait la java. Tout l'intérêt des musées privés comme le nôtre. Quelques nouvelles : les statues madone et petit fifre sont toujours en couple. Leurs ébats sont joyeux, ils se cachent dans la salle des catalogues que cela ne gêne pas. Nous, les tableaux, on a inventé un nouveau jeu : le quizz. Question : qui pourrait nous avoir peint. trois réponses au choix. Moi ils m'ont mis Greuze Modigliani et Picasso. Quand même Modigliani, je louche pas ! Et Greuze non mais Greuze ? D'où une dispute et je boude. Les autres chantent à tue tête "reviens Marie reviens !"
    Les aquarelles ? Ah la la ! Les pauvres, une fuite dans la climatisation,le coup de chaud-froid et ici sans air conditionné, à Jakarta ... Elles ont pris une crise de goutte et ne peuvent plus bouger. Elles toujours si gaies et pimpantes, tu ne les reconnaîtrais plus. Je te quitte, ils m'appellent. A bientôt Marie
    odile

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  3. Elles avaient tellement à se raconter...

    Un clair de lune splendide illuminait la façade blanche de la Galerie Borghese. Après l'affluence de visiteurs le calme régnait maintenant dans les salles. Les gardiens avaient terminé leur ronde. De l'ombre sortit une silhouette légère et évanescente.
    “Alors Pauline, tu viens ? Toujours allongée sur cette méridienne, tu vas finir par t'ankyloser.”
    Pauline se redressa en s'étirant. Elle arca son dos, accentuant la magnifique chute de ses reins. “Et couvre-moi ces seins, ce que tu peux être exhibitionniste, tout de même !” “Tu peux parler, Vénus, tu es toujours nue comme un ver ! Et puis arrête donc de râler, tu vas faire fuir David.” “David ! C'est lui ton nouveau béguin ? Mais il ne te calcule même pas. Toujours en train de jouer avec sa fronde. Enfin tant que tu t'intéresses à lui tu fiches la paix à Mars.” “Mais tu es jalouse, ma parole ! Et d'abord c'est lui qui me reluque.” “Ecoute on avait dit...”
    Elles quittèrent la salle bras dessus bras dessous comme deux vieilles copines. Elles avaient tellement de choses à se raconter ! “Hé ! Faites attention, bon sang !” Daphnée qui courait toute échevelée, cherchant à échapper à Apollon, avait failli les bousculer.
    La canicule qui avait écrasé Rome dans la journée avait laissé la place à une agréable fraîcheur aussi elles décidèrent de sortir dans le parc lorsqu'elles entendirent un cri angoissé. “Je parie que c'est encore Pluton qui a harponné cette pauvre Proserpine. Ils ne vont donc jamais se calmer, ces dieux ! Et toujours pressés !” “ Il faut dire qu'avec l'exemple de Jupiter ! Toujours en train de cavaler celui-là.” “T'as raison mais moi je le trouve fascinant. Il a une des ces imaginations pour séduire ! Se transformer en pluie d'or pour emballer Danaë, fallait y penser !” “Et en cygne pour Léda.” “C'est sûr qu'elles ont eu plus de pot qu'Europe. En taureau ! Quelle idée tout de même !” “Cupidon, arrête donc de tirer sur les nymphes, je vais te les confisquer ces flèches, à la fin. Il est insupportable ce gamin!”
    Dans le parc les deux amies croisèrent la Sybille et la petite Gitane de Cordier qui comparaient leurs méthodes de divination. Plus loin assis au milieu de faunes et satyres Bacchus, toujours entre deux vins, leva sa coupe, les invitant à se joindre à eux, mais elles passèrent leur chemin et s'éloignèrent sous les arbres.
    “Dis-moi Vénus, le bel Adonis, comment l'as-tu rencontré ?”
    Janine

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  4. Nous, endormis? Pas question. L'occasion que nous a fourni le peintre est trop belle et nous comptons bien en profiter comme toutes les nuits depuis des centaines d'années. Le jour qui pointe sur une grisaille représente une formidable ouverture vers tous les possibles, les plus nobles comme les plus vils.
    Le marchand nous lance quelques grognements sourds. Tout doit se faire dans la discrétion quand-même! L'équipage est au complet, cheveux et barbes emmêlés par la fatigue, couvre-chef de travers, nos six rames s'enfoncent, la proue fend l'eau et la barque ondule à la surface des flots. La lagune est d'huile cette nuit, très peu de vent et nul obstacle en vue si ce n'est le risque des voleurs au moindre ralentissement dans les bifurcations. Voilà, déjà on atteint le point de notre première livraison. Les rameurs tirent leurs rames à l'intérieur de la barque, le marchand vénitien debout à l'avant de l'embarcation agrippe le ponton de bois et lance une corde à l'homme qui les attend en faisant les cent pas dans l'ombre. Puis, ce dernier attrape prestement les trois colis commandés. Pas de lune cette nuit, des marchandises plus particulières peuvent s'échanger. Quels sont ces petits cris étouffés qui s'échappent des paniers en osier posés sur la cale? On les croirait presque humains! L'homme d'affaires se frotte les mains en toussotant de satisfaction, les affaires commencent bien et la tournée n'en est qu'à son début...

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  5. Figés depuis des siècles dans les ors ou les pierres, ils voulaient découvrir le monde.Tous les soirs, les imposants bouddhas processionnaient dans les salles du musée. Ils saluaient leurs confrères des céramiques et miniatures. Ils grimpaient dans les paysages flottants, devenaient les petits personnages dans les montagnes embrumées. Enfin ils changeaient de regard !
    Odile

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  6. Merci Odile ! Des Bouddhas en procession dans un musée, la nuit ! une idée originale et parlante

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  7. Fuir La sérénissime

    Rome est endormie. A la villa Bonaparte, les feux sont éteints et n’éclairent plus les tableaux. la Sérénissime voile ses palais et ses pirogues . Les habitants sont assoupis,Enfin presque tous .
    - Qui peut ainsi s’échapper en barque en pleine nuit,?
    -« c’est Venise pour l’éternité » ? c’est ça que j’ai entendu à la radio aujourd’hui, chanté en Français.
    - Eh bien non, ça n’est pas Venise pour l’éternité, d’ailleurs l’éternité n’est pas de ce monde et puis tout le monde n’a pas envie de passer l’éternité dans un décor de théâtre. Et il n’y a pas assez d’espaces verts , pas assez de fleurs, des ponts partout, des canaux, souvent sombres et nauséabonds et cette humidité, partout, tout le temps, hiver comme été . ça attire les rats, les insectes, les moisissures. Cette pourriture , je n’en peux plus.
    Je rêve d’une ville solaire, de jardins, de ruines. ..
    Alors ça a été l’occasion : on nous a installés ici, avec notre barque et notre palais à la Villa Bonaparte . A Rome : tu te rends compte ?Tu as vu le parc ? Incroyable, un hectare au centre de Rome, du soleil, l’ombre de grands arbres, des perroquets, un hibou, des roses de toutes les couleurs, pas d’humidité puante et de touristes à la queue leu leu.
    Donc moi, c’est terminé. Il faut saisir sa chance. Le Destin ça se tisse avec les aléas du hasard. C’est notre Fortune ( latin fortuna, ae, la chance) ça se saisit . Donc désormais, moi, toutes les nuits, je sors , je quitte cette lagune humide et je vais dans la fraîcheur du jardin, avec le hibou, :je l’ai entendu à nouveau.
    Ciao bella . Ciao Serenissime, je reviendrai quand le jour t’éclairera à nouveau, personne ne connaitra ma vie secrète.
    «  c’est Venise pour l’éternité », et puis quoi encore !
    Martine

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    1. J'aime cette concurrence entre Venise et Rome. L'une du jour et l'autre de la nuit ! Merci Martine !

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  8. Ma très chère Maman,
    Si ma lettre vous trouve alanguie par la chaleur si lourde du mois d’août à Paris, je vous en prie, jetez là dans votre corbeille d’osier. Je ne pourrai supporter d’accroitre un peu plus votre souffrance. Si malgré tout, vous avez la force de me lire et me faites la grâce de votre attention, je dois vous raconter ce que je viens de découvrir dans le musée de Vxx de la capitale italienne.
    Afin de vous éviter un inutile tourment, je vais passer sous silence les circonstances bien tristes qui m’ont conduit à rester cloitrer entre les murs des salles immenses. Sachez cependant que je suis bien déçu par l’attitude de l’amie de Méli, qui à n’en pas douter, a agi par jalousie en s’arrangeant pour me tenir éloigner de ma Dulcinée le plus longtemps possible.
    Loin de moi l’idée d’entretenir un quelconque suspens, mais vous devez avant tout ressentir l’ambiance de nuit des couloirs du musée et l’état d’esprit dans lequel je me trouvais. Tout était sombre, l’atmosphère, écrasante. Bien plus intensément que dans la journée, je sentais peser sur moi les histoires atroces dont les peintures témoignent. Il m’était difficile de rester assis ou couché sur les bancs mis à disposition des visiteurs. Je devais bouger pour ne pas prendre en masse comme les statues de marbre ou de fonte qui trônaient par endroit. Je tournais en rond, mais finissais toujours par me retrouver devant le même tableau sombre pour une pause bien méritée. Etait-ce parce qu’il était plus éclairé que les autres par un maigre rayon de lune qui parvenait jusqu’à lui ? Etait-ce parce qu’il me rappelait un épisode quelconque de mon enfance à vos côtés ? Le saurais-je jamais ? Ce tableau m’intriguait et devenait un repère dans ce musée immense. Avec lui, j’étais un gondolier à Venise et plus un prisonnier. Les trois quarts de la nuit étant passée, je finis par m’asseoir sous mon tableau et sûrement par m’assoupir un peu quand des bruits de clapotis me réveillèrent. Je levai mon visage qui fut éclaboussé par un seau d’eau putride. Saisi, je découvris deux hommes au milieu du tableau occupés à vider la gondole. Je n’en croyais pas mes yeux, ni mes oreilles car en prêtant plus attention je m’aperçus qu’ils chantaient pour se donner du cœur à l’ouvrage. Le premier moment de stupeur et de frayeur passé, je rassemblai mes souvenirs d’italien et leur demandai ce qu’ils étaient en train de faire.
    Je sais, ma très chère Maman, que si vous avez lu ma lettre jusqu’ici, vous devez douter de mes facultés mentales ou mieux, croire que ce n’était qu’un rêve. Mais je vous assure qu’au petit matin, je sentais la vase du Grand Canal sur la peau de mon visage. Voici substantiellement ce que je compris de ces deux hommes qui parlèrent avec tristesse, sans cesser leur travail.
    Tout est la faute du peintre. On admire les créations des artistes, on loue leur magnificence, on crie à l’incroyable. Mais nul ne sait que le moindre petit défaut, la plus petite erreur du pinceau obligent personnages et paysages à vivre avec pour l’éternité. Pour un minuscule manque de peinture dans la coque de la gondole, l’eau pénétrait chaque jour si lentement dans le bateau que celui-ci s’enfonçait sans que personne ne le remarquât. Et pour ne pas se noyer, chaque nuit, qui les délivrait de leur immobilité d’œuvre d’art, les deux hommes vidaient courageusement à la main, leur bateau. De leur ténacité dépendait à jamais leur survie.
    Je les laissais au petit matin, avec regret, se figer pour une nouvelle journée et rejoins mon paquebot qu’on dit insubmersible.
    Avec tendresse
    Votre Etienne.

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